Asma LAMRABET

Au tout début…

Il faudrait remonter au tout début… Au récit de la création humaine… L’histoire universelle et l’imaginaire populaire sont marqués de façon indélébile par une même et unique croyance qui transcende le temps, l’espace culturel, les dogmes religieux et l’histoire des civilisations… Cette croyance stipule qu’Adam –en tant qu’homme – fut la première créature de Dieu – et que Eve – la femme – fut créée à partir d’une des côtes d’Adam.

Cette vérité désormais légendaire deviendra le mythe fondateur de l’infériorité de la femme et on connaît l’effet désastreux de ce genre de concepts à travers l’histoire de l’humanité !

Il reste en effet,  indéniable que l’affirmation de l’infériorité de la femme par rapport à l’homme trouve ses origines dans des postulats théologiques largement ancrés dans les mentalités et ce aussi bien dans les cultures de tradition judéo-chrétienne qu’en terre d’islam. Sans entrer dans les détails métaphysiques, ces principaux postulats sont retrouvés à quelques différences près dans les textes interprétatifs de la tradition religieuse des trois monothéismes et l’on peut en résumer les grandes lignes à travers trois observations qui reviennent inlassablement dans l’histoire religieuse universelle.

D’abord que la femme étant créé d’une cote d’Adam cela revient à dire que sa création est forcément secondaire, Adam – l’homme – étant considéré comme la norme ou représentatif de l’idéal humain.

La deuxième observation est celle qui prétend qu’Eve serait la principale cause de l’expulsion d’Adam du paradis – puisque c’est elle, toujours selon cette vision très populaire – qui a incité Adam à transgresser Dieu et à goûter de l’arbre interdit… Elle deviendra donc l’égérie incontestable du légendaire péché originel.

Et, dernier postulat, la femme n’a pas seulement été créée d’Adam, mais elle a été créée « pour » lui ! Nuance de taille ! C’est de là que va se propager toute la culture d’asservissement de la femme que l’on connaît et qui trouvera sa légitimité dans un certain discours religieux. Aujourd’hui, la plupart des exégètes chrétiens considèrent le récit concernant Adam et Eve comme étant symbolique et de nombreux théologiens en font une lecture distincte des interprétations traditionnelles. Ils reconnaissent ainsi l’existence de nombreuses contradictions au sein de la Bible et réfutent l’interprétation classique qu’ils jugent littéralistes[1].

Du côté de l’islam ou plutôt du texte coranique lui-même, on ne retrouve nulle part cette image de la conception d’Eve à partir d’une des côtes d’Adam. Cependant, il est stupéfiant de voir à quel point les différents commentaires, ouvrages religieux et par-delà l’imaginaire musulman, sont restés profondément imprégnés de la version traditionaliste judéo-chrétienne ! !

Dans le Coran, plusieurs versets vont illustrer une conception bien différente de celle largement répandue aujourd’hui… Nous retrouverons donc d’abord un verset central celui de la sourate An-Nisa (Les Femmes) Verset 1 : « O vous êtres humains, craignez votre Seigneur qui vous a créés d’une seule essence (Nafss wahida) et qui a créé d’elle son conjoint (Zawjuha) et qui de ces deux-là a fait propager beaucoup d’hommes et de femmes… »

La terminologie utilisée dans le texte coranique concernant la création est très importante à « redéfinir », car les mots-clés de ce verset seront interprétés dans la grande majorité des cas selon un schéma classique de hiérarchisation de la création humaine… En effet, dans les commentaires classiques le terme de « Nafss wahida » désigne Adam en tant qu’être masculin et « zawj » comme son épouse…

Or une étude plus structurée montre que le terme « Nafss », féminin en arabe, désigne un ensemble de notions qu’on peut traduire selon le sens du texte par : personne, individu, âme, essence, matière, esprit, ou encore souffle de vie…

« Zawj » quant à lui, indique à la fois le conjoint, la paire ou le partenaire. Il est souvent utilisé pour parler indifféremment d’époux ou d’épouse et quoiqu’il soit grammaticalement au masculin, il peut être utilisé aussi bien pour l’homme que pour la femme[2]. Dans le Coran, il est souvent employé pour parler de couple et ce aussi bien pour les humains, les plantes que pour les animaux. C’est ce que le Coran énonce dans ce verset par exemple : « Et de toutes choses, Nous avons créé deux éléments de couple (Zawjan) »51 ; 49.

Cependant, une grande majorité des Ulémas va interpréter donc le terme de Nafss par Adam en tant qu’homme ou mâle et celui de Zawj par « épouse », ce qui va, selon cette logique, renforcer la représentation classique « anthropomorphisée » de l’origine de la création humaine… Puisqu’Adam est un homme, le terme de Zawj, évoqué par le Coran dans ce verset, correspondrait de ce fait à la « contrepartie » féminine à savoir Eve ou Hawwa. Les premiers exégètes ayant largement puisé dans le patrimoine religieux antéislamique pour étayer leurs interprétations, la légende de la création d’Eve à partir d’une côte d’Adam a été largement rapportée et de ce fait avalisée par les savants musulmans.

Partant de ce postulat et certains Hadiths aidant, les commentateurs classiques vont en déduire que Eve a été donc engendrée à partir d’une côte d’Adam.

Or, on constate de prime abord que, dans le Coran, Eve ou Hawwa n’est pas mentionnée par son nom… La signification du terme Zawj ou conjoint, dépendra du sens du verset ou Siyaqal ayah… Selon la concordance et l’orientation du verset le terme « conjoint » traduira tantôt l’homme tantôt la femme et parfois comme c’est le cas dans ce même verset central, il restera totalement abstrait, apparemment pour mieux souligner cette volonté divine de transcender le genre quant à la première conception humaine.

D’autre part, il n’y a aussi aucune affirmation coranique qui précise que le Adam de cette première création était mâle et encore moins que Eve ait été tirée d’une de ses côtes! Certains savants musulmans anciens et contemporains vont remettre en question et même réfuter ce genre d’interprétations, qui semblent être, selon leurs avis, largement influencées par les anciens textes scripturaires.

Ces penseurs, pensent plutôt, que le terme d’Adam est un terme qui est le plus souvent utilisé dans le Coran, au sens large d’être humain, ou « genre humain ». C’est ce que précisera l’Imam Mohammed Abdou dans ses différents écrits, où il soutient qu’Adam signifie aussi, individu ou personne humaine, Al Insan ou Bashar…Adam, tel qu’il est mentionné précisément dans ce verset-là, semble donc désigner « l’humanité » dans son ensemble, ce qui revient à dire qu’en créant Adam, Dieu crée donc l’espèce humaine, mâle et femelle à la fois, dans sa forme initiale.

Cette lecture, que l’on appellera « réformiste » pour la différencier de la « classique », préconise donc une provenance unique de l’humanité autrement dit une humanité qui procède d’une seule matière et d’une même origine. Toujours selon cette vision réformiste, le but du verset décrivant la création serait de confirmer l’égalité humaine originelle à tous les points de vue. À l’opposé de la lecture classique qui traduit les termes de Nafss par l’homme ou Adam et Zawj par Eve ou la première femme, le terme de Nafss wahida désignerait ici et selon le point de vue de ces réformistes, l’essence d’origine, tandis que Zawj signifie le conjoint, ce qui conforte l’idée d’une égalité humaine à part entière et ce en dehors de toute considération de genre ou de race. L’humanité serait donc créée à partir de cette « entité première » ou « vérité première », comme va la définir l’Imam Mohammed Abdou qui par son interprétation singulière va se distinguer du reste des commentateurs classiques.

En effet, l’Imam Abdou[3] va retenir deux versions assez semblables sur cette « Nafss wahida »Celle qui prétend que cette entité première englobe les deux sexes mâle et femelle et qui va dans un second temps évoluer pour donner lieu aux deux conjoints et à partir de là à tous les hommes et toutes les femmes… L’autre version considère que rien dans le Coran ne réfute l’idée que cette Nafss première soit d’essence féminine, ce qui de son point de vue est conforté par le fait que le terme Nafss est au féminin et que le Zawj –au masculin – sous entend l’époux puisque dans un autre verset il est dit « pour qu’il (zawjaha : son époux) trouve la tranquillité auprès d’elle (Nafss) »[4]. L’imam Abdou justifie dès lors la dénomination de la sourate, inaugurée par ce verset, en sourate « An Nissa » ou« Les Femmes ». Voilà un bel exemple de lecture féminine…

Il est évident qu’à la lumière de ce que certains commentateurs d’aujourd’hui ont retenu et sans omettre la part de l’occulte ou « Ghaib » qui caractérise tout texte sacré, on peut avancer sans trop prendre de risques que dans la version coranique, la création humaine n’est pas exprimée en genre et que le Coran utilise indifféremment les termes et images au féminin et masculin, afin de décrire la création à partir d’une seule origine et d’une seule substance… Il est implicite dans un grand nombre de passages du Coran que la création originelle d’Allah était une humanité indifférenciée ni homme ni femme[5].

Il semblerait donc que Dieu ait créé l’homme et la femme de façon simultanée d’une seule substance et ces deux êtres humains vont constituer les composantes sexuées d’une même réalité unique. Ceci correspond tout à fait à cette notion de « dualisme » de la création à maintes reprises citée par le Coran : « Et de toute chose Nous avons créé deux éléments d’un couple, afin que vous vous rappeliez » 51 ; 49. En fait, l’homme et la femme en tant que « paires » ou « couple » vont confirmer le principe majeur du Coran : le Créateur est UN alors que toute la création est en « paires ». Et qui dit « paires » dit égalité en tout point de vue… Cette lecture réformiste de la création humaine semble être la plus proche du message coranique qui prône l’égalité et l’équité humaine… On remarquera aussi que tout le récit de la création de l’humanité tourne autour du concept majeur de l’Unicité ou « Tawhid », qui est l’essence même de la spiritualité musulmane.

Cependant, force est de constater, que de nombreux exégètes classiques vont faire appel à certains Hadiths, parlant de la femme en général, afin de « contraindre » plus ou moins le sens du texte, en particulier celui concernant la création, et d’en soustraire une conception particulière, à savoir celle d’une création « subalterne » de la femme ! ! Ce qui induit malheureusement à cautionner religieusement une certaine infériorité structurelle de la femme.

Concernant le hadith pris comme référence pour l’interprétation de ce verset sur la création, il semblerait qu’il en existe trois versions, plus ou moins semblables, selon lesquels le prophète décrit la femme comme étant « conçue à partir d’une cote déviée qu’il ne faudrait point forcer au risque de la casser »[6].

L’étude de la tradition prophétique rapporte que ce hadith a été formulé dans le cadre d’un ensemble de recommandations relatives aux relations hommes – femmes et selon lesquels le prophète incitait les hommes à faire preuve de bienveillance et de douceur envers les femmes. La ressemblance de ces Hadiths avec l’histoire d’Adam et Eve dans la tradition biblique va inciter ces savants à faire le rapprochement et en déduire que Eve a été engendrée de l’une des côtes d’Adam. On remarquera en passant que les Hadiths concernés n’évoquent nulle part Adam. Cette interprétation est retrouvée classiquement dans la majorité des ouvrages de Tafassirs alors que comme nous l’avons vu rien dans le Coran n’affirme ce concept.

On ne peut que s’étonner de ce rapprochement fait entre la tradition du prophète et le mythe judéo-chrétien car le hadith concerné a été énoncé dans le cadre d’un ensemble d’exhortations faites par le prophète à ses compagnons lors du pèlerinage de l’Adieu où il était d’ailleurs question de recommander aux hommes de bien traiter les femmes. La fin de ce hadith est le célèbre avertissement dirigé aux croyants: « soyez bons envers vos femmes ». L’utilisation de la côte comme image – encore une fois, le prophète ne parle pas de la côte d’Adam – est en fait une métaphore, utilisée selon un style linguistique allégorique fort apprécié parles Arabes de l’époque, pour recommander aux hommes de faire preuve de délicatesse et de bonté auprès des femmes. Il est important de préciser ici que ces dits Hadiths n’ont pas été évoqués par le prophète pour expliciter le côté biologique de la création humaine, comme le remarqueront , à juste titre, certains penseurs musulmans contemporains[7], l’objectif étant plutôt, de bousculer des traditions machistes d’une manière très  pédagogique.

Le prophète comme à son habitude tentait d’inculquer à ses compagnons les règles de bienséance et de considération envers les femmes et d’adoucir ainsi les mœurs rudes de l’époque.

Il est donc évident que toute interprétation qui puise dans ces Hadiths afin d’avancer des arguments en faveur d’une création secondaire de la femme et qui va dans le sens d’une dévalorisation de la femme ne peut être qu’erronée et doit être considérée comme étant à l’encontre des principes fondamentaux du Coran et de l’enseignement du prophète.

Ce type d’allégations, à l’origine de tout un héritage universel de « dépréciation » de la femme, a longtemps justifié – et continue de le faire dans de nombreuses cultures – la logique d’oppression et d’humiliation du genre féminin.

Un savant aussi célèbre que l’Imam Arrhazi estimera que dans le verset qui suit, se trouve la preuve que les femmes n’ont été créés que pour assouvir les besoins des hommes :« Et parmi Ses signes Il a créé pour vous et de vous des conjoints (Azwajan) afin que vous trouvez auprès d’eux la tranquillité et qu’il y est entre vous amour et bonté » (30 ; 21) : « Il y a la preuve dans ce verset que la création des femmes est similaire à celle des animaux, des végétaux et de toutes sortes de bienfaits… la création des femmes est donc un véritable bienfait pour nous (les hommes) et elles ont donc été créées essentiellement pour nous… cela s’explique par le fait que la femme est faible de part sa constitution physique, qu’elle est sotte et puérile comme les enfants… »[8]

Si la femme a été créée par et pour l’homme cela confirme donc son infériorité structurelle et la nécessité de sa soumission… Ce type d’assertions constitue un thème récurrent dans tout discours religieux classique et finit par délimiter un cadre idéologique dans lequel s’inscrit l’infériorisation de la femme par le langage du sacré…

Il est affligeant de voir à quel point ces savants, influencés négativement par leur environnement socioculturel et certaines traditions religieuses antérieures vont cautionner, avec leurs interprétations respectives, toute une littérature dévalorisante de la femme et justifier le concept de la domination de la femme par l’homme au nom de l’islam. De ce fait, on comprendra comment l’essentiel de l’argumentaire religieux qui légitime la subordination des femmes prend ses sources dans ce type d’interprétation des versets coraniques, lesquelles interprétations, vont avec le temps être considérées comme relevant de l’ordre du « dogme », confinant le Coran lui-même dans une position secondaire…

Il est bien connu que dans les autres traditions religieuses, l’inculpation de la première femme, comme étant celle qui a entraîné Adam –l’homme – hors du paradis est évidente et son image de « tentatrice » est incontestable. Toute une légende bien imagée, avec l’arbre interdit, le serpent et Eve, symboles de la tentation et de la « chute » du paradis, ont été retransmis de générations en générations, comme faisant partie de concepts religieux immuables. Aucune de ces suppositions préalables n’est retrouvée dans le Coran, ni même sous la forme d’une allusion…

Cependant, d’illustres exégètes musulmans, vont rapporter ce genre de commentaires dans leurs différents ouvrages de Taffassir[9]. En effet, un exégète de la notoriété de Al Kortobi rapportera dans ses commentaires que c’est Eve qui succomba la première à Satan et qu’elle entraîna ainsi avec elle Adam, devenant la première source de tentation pour l’homme[10]. !

Or, nulle part dans le Coran il n’est question d’incriminer la première femme de l’humanité. Les versets coraniques sont, on ne peut plus clairs : C’est le premier couple humain, qui semble avoir été responsable et il n’a jamais été question selon la révélation de culpabiliser l’un ou l’autre : « Adam, demeure toi et ton conjoint dans le paradis et mangez de ce que bon vous semble et ne vous approchez point de cet arbre au risque de devenir injustes ! » Coran2 ; 35et ce sont les deux qui succombent à la tentation de Satan : « et Satan les incita – les deux – à désobéir et les a fait sortir du paradis » Coran 2 h 36…

Puis le Coran nous décrit comment tous les deux, regrettant leur désobéissance et consternés de se voir déchus de la sorte, ont imploré Dieu afin qu’ils leur pardonnent…

Cette première faute symbole de la première désobéissance humaine va être totalement absoute par le Créateur… C’est l’un des concepts clés de l’islam où la réhabilitation de l’être humain est totale et intégralement assumée par le Créateur… Nulle trace donc de ce fameux péché originel, lourdement porté par toute l’humanité, faute irréparable comme le décrit la tradition chrétienne… Selon la vision islamique, l’arbre interdit est un « symbole » lourd de sens afin d’éprouver, ce premier couple d’êtres humains, Adam et Eve… Devant leur clairvoyance, leur lucidité et leur repentance, Allah leur pardonne…

Et à partir de là, c’est une sorte d’alliance entre Dieu et les êtres humains qui sera scellée par l’intermédiaire de ce premier couple de l’humanité… Point de péché originel mais plutôt une sorte de Pacte originel entre Dieu et ses créatures[11].

Cette première faute donc ne sera pas éternellement inscrite dans le destin de l’humanité comme elle a été reproduite dans les autres traditions religieuses… Le Coran dit : « Nul n’est responsable d’une faute qu’il n’a pas commise »Coran 6, 164… Il n’y a pas de notion de péché dans le sens chrétien du mot, ni encore moins de châtiment Divin éternel avec ses concepts de culpabilité, de souffrance ou de rédemption…

L’histoire d’Adam et d’Eve comme elle a été interprétée donc dans la tradition biblique et par extension dans les autres traditions religieuses, est loin de celle préconisée par le texte coranique…

En fait, le Coran en retraçant la création de ces premiers êtres humains, dépeint ce que l’on pourrait désigner comme étant la première« expérience humaine commune »symbolisée par ces deux premières créatures. D’abord, Dieu honorera le genre humain en le déclarant–Khalifa[12]sur terre ou « légataire » de Son Savoir. Puis, Adam et Eve seront élevés au rang des « êtres savants », de ceux qui « savent », pour qui les anges – êtres parfaits – vont se prosterner.

Les anges vont se prosterner devant cette créature humaine car Dieu lui a inculqué le « Savoir » ! ! Le savoir est à l’origine de la création… Les humains sont supérieurs aux anges, malgré la perfection de ces derniers, du fait du Savoir, de la Raison et de l’Intelligence, qualités inhérentes à l’être humain.

La prosternation des anges devant l’être humain est la révélation de « l’Humanisme » dans toute sa splendeur comme le dira le grand penseur Iranien Ali Shariati[13] ! !

Ces deux êtres crées par Dieu vont vivre leur première épreuve humaine dans le paradis, lorsqu’ils vont enfreindre la recommandation Divine du fait justement de leur faiblesse, de leur imperfection autrement dit de leur humanité.

C’est la première expérience humaine de liberté…

La première incertitude humaine… Le tout premier doute… La première leçon d’humilité aussi… Malgré leur supériorité par rapport aux anges qui se prosternent devant leur Savoir… ils ne sont point infaillibles…

Le Coran nous offre donc, une belle image de l’expérience humaine dans la vie commune. Le premier couple de l’humanité va vivre cette première épreuve en parfaite communion. Le premier homme et la première femme, vont ensemble, étroitement liés, s’engager dans l’épreuve de la Vie…

Le Coran retrace d’une façon harmonieuse leur peur et leur joie, puis leur désobéissance et leurs espérances, sans jamais les distinguer l’un de l’autre, encore moins dénigrer l’un par rapport à l’autre. C’est ensemble qu’ils transgresseront leur Créateur et c’est ensemble qu’ils s’en repentiront… C’est aussi ensemble qu’ils commenceront une nouvelle destinée…

Un bel exemple de l’épreuve, de la patience, du repentir et de l’espoir… où le retour vers Dieu est toujours libérateur…

Une histoire de l’expérience humaine à la fois éternelle et sans cesse renouvelée !

[1] André-Marie Gerard, Dictionnaire de la Bible, Laffont, coll. Bouquins, 1989.

 

[2] Le terme Zawj est utilisé dans le Coran tantôt pour désigner le masculin (2 ; 230 – 58 ; 1) et tantôt pour le féminin (4 ; 20 – 2 ; 102).

[3] Sayd Imam Mohammed Rachid Reda, Tafssir Al Manar; Dar Alkitab Alilmya ; Vol 4, p 265, Liban, 1999 en arabe.

[4] Sourate 7 ; Verset 189

[5] Article : L’égalité entre hommes et femmes ; Riffat Hassan, Université de Louisville, Kentucky. www. études-musulmanes. com

[6] Hadith rapporté par Abou Huraira dans sahih Boukhari et Muslim.

[7] Cheikh Rached Al Ghannouchi, “el marâa bayna al Qurâan za waqui elmouslimines”; Maghreb center for Researchs and translations; 2000, p 15, Londres.

[8] Tafssir Fakhr Arrazi, tafssir al kabir, mafatih al ghaib ; 111 ; 13

[9] Ibn Kathir rapporte dans son tafssir que de nombreux savants dont il citera les noms ont puisé dans les anciennes sources monothéistes l’histoire du serpent et de Satan ; voir page 80.

[10] Al Jamii liahkam Alkuraane p 408 Vol I

[11] Tariq Ramadan : Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam ; Editions Sinbad  ;Actes Sud, 2003,p 36

[12] Le terme de khalifa est souvent traduit par vice régent ou vicaire…

[13] Article de Ali Shariati, Man’s creation from the islamic viewpoint. www. shariati. net 

À propos de l'auteur

ASMA LAMRABET

Native de Rabat (Maroc), Asma Lamrabet, exerce actuellement en tant que médecin biologiste à l’Hôpital Avicennes de Rabat. Elle a exercé durant plusieurs années (de 1995 à 2003) comme médecin bénévole dans des hôpitaux publics d'Espagne et d’Amérique latine, notamment à Santiago du Chili et à Mexico.

derniere video

Asma Lamrabet

Les femmes et l'islam : une vision réformiste