Asma LAMRABET

Fatima Zahra « la maman de son père »…

Fatima Zahra « la maman de son père »…

 

On chante son nom…

On vénère sa descendance…

On perpétue son aura  mystique dans les récits prophétiques…

Mais connaît-on vraiment  Fatima Zahra ?

Celle qui a vécu secrètement et qui est partie doucement sans faire de bruit…

Celle qui n’a connu le bonheur  qu’à l’ombre de son père, celui la même, qui la surnommé « la maman de son père »… 

Fatima Zahra, douce et secrète, triste et fière …la fille, la maman et l’amie du  dernier prophète…

Elle était l’ombre secrète et rayonnante du prophète père et du prophète bien aimé, une partie de lui ...une partie de son corps et de son âme…

Il voyait en elle son premier grand amour Khadija…elle voyait en lui la douceur d’une maman perdue trop jeune…

Elle a un moment refusé de se marier par  peur de le quitter…Elle le guettait de loin…le suivait…lui panser ses blessures…écoutait ses paroles…pleurait de ses peines…riait de ses joies…

Elle le consola longtemps de la perte de Khadija …en jurant de ne jamais le quitter…n’était ce pas là son plus grand bonheur que d’être à ses cotés…silencieuse, douce et effacée…mais là présente…

Mais le prophète était aussi un homme et il succomba à un autre grand amour de sa vie, différent de Khadija …mais aussi intense et fort…celui de Aicha…

Fatima Zahra se retira alors…en silence …heureuse pour lui mais aussi triste … elle avait déjà commencé à le perdre…elle accepta alors de se marier pour ne pas le déranger dans sa vie intime avec Aicha… elle devait donc s’éloigner…

Elle se maria avec Ali, cousin et intime de son père…Cette union n’était elle pas désirée par le prophète qui y voyait l’union des deux  êtres qui lui étaient les plus chers au monde ? Comment ne pas répondre aux attentes de son père ?

Mais en se mariant avec Ali elle savait qu’elle aurait avec elle une partie de son père…Ali était le plus proche de celui qu’elle ne voulait pas quitter…

Et puis elle fut mère…

Mère d’enfants adulés par le grand père prophète…qui les chérissait plus que tout au monde ...

Mais elle fut aussi cette mère symbole d’une filiation dont l’histoire n’est que tragédie et souffrances…

Après la mort de son père bien aimé , son deuil et sa tristesse furent si profonds qu’elle se retira très tôt de la cité , de ses bruits et de ses conflits latents…Même si elle a durant un court moment essayé de lutter en fidélité à la mémoire de son père et pour que justice soit rendue aux membres de sa famille ….N’étaient ils pas « ahl al bayt » ??

Elle tenta de dénoncer, sans grand espoir, les premières errances des compagnons fidèles  et certes de bonne foi mais hommes de leur temps…elle essaya en vain de crier sa détresse dans les  rues et les mosquées …mais finalement c’est silencieuse, meurtrie et déçue de son entourage qu’elle se retira définitivement pour l’autre vie…Six mois après la mort de son bien aimé père…

Ne lui avait-il pas promis qu’elle allait le rejoindre bientôt ? Et c’est cette fois  souriante qu’elle partit…en silence, secrètement et furtivement comme la brise fraiche des premières lueurs du matin dans cette ville encore éclairée par la lumière de ces êtres si particuliers qui ont laissé leurs traces indélébiles des siècles durant…

 

Asma Lamrabet

Juillet 2014

 

 

À propos de l'auteur

ASMA LAMRABET

Native de Rabat (Maroc), Asma Lamrabet, exerce actuellement en tant que médecin biologiste à l’Hôpital Avicennes de Rabat. Elle a exercé durant plusieurs années (de 1995 à 2003) comme médecin bénévole dans des hôpitaux publics d'Espagne et d’Amérique latine, notamment à Santiago du Chili et à Mexico.

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