Asma LAMRABET

GIERFI : vision, objectifs, et perspectives d’avenir

Asma Lamrabet
27-10-2008

  Il reste évident que les sociétés majoritairement musulmanes, les communautés musulmanes en Occident et les musulmans en général ont de réelles difficultés à appréhender la question de la femme, du fait qu’elle représente le principal enjeu de la modernisation politique dans l’espace islamique.

 Cela reste l’une des questions les plus sensibles et les plus difficiles à débattre puisqu’elle symbolise à elle seule une problématique multidimensionnelle incluant l’identité, la modernité, la tradition et l’imaginaire culturel à préserver. Le monde musulman traverse une vraie crise civilisationnelle avec comme principal substrat la problématique de la femme que l’on refuse de cautionner par peur identitaire, par démission intellectuelle et parfois par stratégie politique d’omission volontaire.

 Pourquoi le GIERFI ?

La création de ce groupe est motivée par le besoin urgent d’un discours alternatif capable de pallier aux lacunes d’un discours islamique officiel sur la femme, très réducteur, infantilisant et trop souvent vidé de son essence.

 Notre réalité actuelle en tant que femmes musulmanes vivant au Sud ou en Occident, subissant respectivement sexisme, discrimination et racisme, nous incite à ne plus nous taire devant les innombrables questions théologiques et juridiques pour lesquelles on nous propose des solutions complètement décalées par rapport à notre quotidien de femmes vivant au 21esiècle.

 Les différentes initiatives entreprises par rapport à la question de la femme restent insuffisantes devant les problèmes concrets posés par les divers statuts personnels instaurés dans la majorité des pays musulmans et véhiculés dans l’idéologie culturelle des communautés musulmanes en Occident. Ces statuts ne sont que le reflet d’une législation juridique surannée remontant, généralement, aux premières écoles juridiques islamiques et qui constituent une source de préjudices indéniable pour la grande majorité des femmes musulmanes. Quoique certaines réformes aient pu voir le jour, elles ont du mal à être appliquées dans les faits et le débat demeure de l’ordre de la rhétorique, toujours incapable de proposer des solutions concrètes à même de dépasser les impasses juridiques héritées depuis des siècles[1] .

 L’essentiel du discours islamique sur la femme, qu’il soit classique ou contemporain, provient des lectures patriarcales qui ont dénaturé le message spirituel de l’Islam et qui ont donné lieu à des contradictions flagrantes entre ce même message et les interprétations humaines qui sont socialement construites et qui ont été sacralisées avec le temps.

 Ce groupe a donc été créé en vue de promouvoir une émancipation de la femme musulmane qui puisse concilier foi et modernité, sans contrainte ni culpabilité et de se forger ainsi une voie intermédiaire affranchie aussi bien d’une modernité sans âme, ni sens, que d’un traditionalisme fermé et rigoriste.

La question qui nous a souvent été posée est: Pourquoi stipuler les termes d’une émancipation à partir du religieux et non pas à partir des valeurs dites laïques et universelles[2]? Notre réponse est claire :

-     D’abord il est de notre droit de choisir nos propres paramètres d’émancipation et de lutter pour instaurer la justice et l’équité envers les femmes en nous inspirant de notre tradition spirituelle.

-    Nous sommes nombreuses à trouver dans la foi une source de force, de transcendance et de conscientisation qui nous permettent de penser les termes d’une revendication d’autant plus légitime qu’elle utilise un langage approprié à notre mémoire et à notre contexte socioculturel de femmes musulmanes.

-   Nous adhérons aux principes d’une émancipation spirituelle parce que justement, l’oppression de la femme musulmane, comme d’ailleurs celle de l’homme musulman, se fait au nom du religieux et du sacré qui, à travers l’histoire de la civilisation islamique, ont toujours été instrumentalisés par les forces du pouvoir qu’elles soient politiques ou autres.

-    Enfin, parce que nous sommes convaincues que les valeurs spirituelles ou religieuses à l'opposé de ce qui a été ancré dans les mentalités par les péripéties de l’histoire, ne sont pas fatalement contradictoires avec les valeurs dites laïques[3] et que les religions en tant que points de repère de l’existence continueront d’apporter des réponses aux questions de sens et d’accompagner ainsi le cheminement de l’humanité.

 

Quelle est la vision du groupe ?

Notre vision globale s’inscrit dans un cadre conceptuel incluant quatre dimensions à savoir : spirituelle, solidaire, postcoloniale et humaniste.

 1-La dimension spirituelle est celle d’un réformisme musulman qui aspire à s’engager dans une réforme de transformation positive à même de dépasser la réforme d’adaptation proposée jusqu’à présent.

 Elle s’inscrit donc de l’intérieur de l’islam et revendique des droits et des libertés au nom d’un référentiel islamique débarrassé des lectures politiques et socioculturelles qui se sont accumulées tout au long des siècles de décadence islamique. Il s’agit donc de revendiquer une lecture de libération de la femme, telle qu’elle a été exprimée dans l’élan spirituel initial du message de l’islam, tout en s’inscrivant dans le processus de contextualisation et d’évolution permis par l’Ijtihad[4], source incontournable du processus de revivification de la pensée islamique. C’est à travers cette dimension essentielle que l’on pourra offrir aux musulmanes, en quête de sens, l’opportunité d’être des femmes libérées des traditions culturelles discriminatoires qui ont intériorisé l’idéologie de l’infériorité féminine déguisée, entre autres, en image idéalisée de la femme comme épouse et mère parfaite. À cet égard, il faudra souligner ici le fait que notre vision est celle qui concilie les valeurs familiales avec les valeurs féminines sans réduire inéluctablement la femme à des fonctions de subordination. Le fait que le rôle de la femme dans la famille soit associé à des contraintes injustifiées légitimées par le patriarcat ne signifie pas qu’il faudrait nier son attachement à la famille et à sa stabilité. On peut revendiquer le droit à l’épanouissement féminin personnel avec un attachement aux valeurs familiales tout en contestant l’assignation des rôles traditionnellement inéquitables au sein de la vie conjugale.

 2-La dimension solidaire s’insère dans le cadre du mouvement global des femmes qui luttent contre leur discrimination et dans le but légitime d’améliorer leurs conditions socioculturelles. Dans ce sens, notre groupe s’inscrit, en termes de revendication de droits, dans un « Féminisme universel pluriel ». Nous assumons en tant que femmes musulmanes la dénomination « féministe » dans son approche pluraliste et ce, malgré la forte connotation négative qu’elle véhicule chez la majorité des musulmans et dans les pays du Sud en général, mais également dans certaines sphères sociales occidentales[5]. Nous soulignons l’importance de cette identification à un mouvement féministe pluriel selon des valeurs et principes véritablement universels, de droit, d’égalité et de lutte contre l’oppression des femmes sans pour autant que cela nous oblige à être dépendantes ou otages d’un modèle de référence unique, ni à accepter une quelconque allégeance à des intérêts politiques ou à un agenda politique particuliers.

 3-  La dimension post-coloniale[6] est celle d’un vécu historique post-colonial qui est celui des femmes du Sud en général et dont une grande frange est représentée par les femmes musulmanes. Un certain discours féministe occidental et universitaire, ouvertement ethnocentrique[7], perçoit les femmes du Sud comme leur propre « faire-valoir », autrement dit, comme des sujets passifs de leur histoire qu’il faut étudier, analyser, suspecter et qui n’ont jamais le droit à la parole car les féministes occidentales sont là pour porter leurs voix[8]. Ce féminisme hégémonique occidental présente l’expérience des femmes blanches et occidentales comme LA norme universelle. C’est une vision où s’imbriquent de façon insidieuse impérialisme et racisme et qui en dit long sur la logique d’esprit civilisateur et de la vision néocolonialiste orientaliste qui la sous-tend. C’est donc pour cela qu’au sein du GIERFI nous soutenons l’esprit qui anime le féminisme post-colonial et qui envisage la création de possibles résistances féminines, autonomes et différentes de celles conçues par la pensée féministe dominante. Autrement dit, une résistance et une lutte qui s’expriment à partir de notre propre expérience, de nos spécificités, de notre histoire et qui, par la force des choses, restent imbriquées à l’expérience du colonialisme, du racisme et de la discrimination fondée sur la classe sociale et les interprétations religieuses.

 4-  La dimension humaniste est celle qui nous anime en tant que femmes partageant le même destin au sein de cette diversité humaine. Notre vision spirituelle rejoint l’esprit humaniste qui lutte, au nom des valeurs universelles, contre toutes les injustices et les exactions des droits humains. Les femmes musulmanes, comme les hommes, souffrent dans la majorité des pays musulmans d’un déficit flagrant en démocratie et en libertés individuelles. De surcroît, elles subissent, à l’instar des autres femmes aussi bien au Sud que dans le Nord, l’oppression d’une mondialisation néolibérale qui a exacerbé la pauvreté, la précarité et la surexploitation des femmes du fait du déséquilibre socioéconomique structurel inhérent aux économies du Nord comme du Sud. Nous sommes aussi conscientes que la majorité des  problèmes des femmes dans les sociétés patriarcales sont dus à l’exploitation du temps, du travail et de la sexualité de la femme qui représente une composante cruciale au processus d’enrichissement néolibéral.

 Les objectifs du GIERFI : 

1-  Promouvoir une réflexion intellectuelle, théologique et juridique qui puisse, à court et long terme, favoriser l’émergence d’une nouvelle conscience féminine musulmane capable d’être « actrice » de son propre changement.  Une nouvelle conscience féminine qui inciterait la femme musulmane à revendiquer le droit légitime de participer à la réflexion sur la religion, le sens et les valeurs de la société dans laquelle elle vit.

 2-  Contester, par l’analyse et l’étude théoriques des textes scripturaires, l’affirmation fort répandue qui prétend que l’inégalité des sexes, l’oppression et le système patriarcal soient intrinsèques au texte sacré de l’islam. Aujourd’hui, de nombreuses musulmanes en terre d’islam et à travers le monde ont compris que ce n’est pas l’islam qui les opprime, mais ce que l’on en a fait à travers des siècles de manipulation et d’instrumentalisation patriarcale.

 3-Mettre la lumière sur les interprétations sexistes des textes religieux et faire valoir les droits conférés aux femmes par l’islam.

 4-   Revendiquer le droit des femmes à l’interprétation des textes afin de promouvoir l’égalité des genres, d’élaborer une nouvelle conception de la femme et de provoquer une véritable réforme de fond de la jurisprudence  islamique ou Fiqh. En d’autres termes, il s’agit d’inciter  les femmes à revendiquer le droit légitime, présent à l’origine mais qu’on leur a confisqué avec le temps, à une lecture de l’islam au nom de leur foi et de leurs convictions afin de contrecarrer les lectures religieuses littéralistes exclusivement masculines et qui ont été responsables, entre autres, de leur marginalisation et de leur relégation à des fonctions de subordination.

 5- Dénoncer les discriminations flagrantes qui sont en cours en terre d’islam et dans les communautés musulmanes et qui sont toujours mises à tort sur le compte de l’islam à savoir : les mariages forcés, l’excision, la répudiation, l’obéissance au mari, le statut juridique de mineure à vie, la polygamie comme droit supposé et inéluctable de l’homme musulman.

 6-  Déconstruire le monopole de la connaissance religieuse traditionnellement assignée comme un privilège exclusif des hommes musulmans et qui à travers l’histoire de cette civilisation a marginalisé l’apport des femmes et leur contribution à l’histoire de cette même civilisation.

 7-  Amorcer un double travail intellectuel: d’une part aspirer à la construction d’une nouvelle pensée et d’une nouvelle réflexion conçues à partir d’une perspective féminine et d’autre part participer à la déconstruction des discours et des représentations discriminatoires envers la femme dans l’idéologie musulmane.  Les droits de la femme, tels qu’ils ont été conçus par le Fiqh classique et qui sont reproduits dans le discours islamique contemporain dominant, sont contraires à l’esprit égalitaire de l’islam et sont utilisés pour dénier aux femmes la justice et la dignité. C’est dans cette optique que le GIERFI prévoit entre autres :

 La création   « d’ateliers de Fiqh ou jurisprudence islamique » pour les femmes, afin de mettre la lumière sur ces discriminations et de leur faire connaître leurs droits juridiques.

La création de plates-formes où se réuniraient les savants religieux, intellectuels – femmes  et hommes – et des spécialistes pluridisciplinaires, afin de débattre publiquement de cette thématique et surtout de la « démystifier » aux yeux des musulmans.

 8-   Initier un travail de mémoire sur l’héritage historique des musulmans, longtemps victimes d’un déni de connaissance en terre d’islam et d’un déni de reconnaissance en Occident, fondé sur la logique de « déculturation » historique initiée par la colonisation et qui est toujours en vogue puisque, en grande partie, véhiculée par l’idéologie postcoloniale. La problématique de la femme doit donc être revisitée dans un cadre global de relecture de l’histoire de l’islam et de sa civilisation. Cependant, que l’on ne s’y trompe pas, la responsabilité n’est pas toujours celle de l’Autre comme le pensent et le prétendent de nombreux musulmans très commodes dans la victimisation et la dénonciation de l’Autre.  Le monde musulman doit faire son autocritique de façon lucide et initier une vision réformiste sereine de l’intérieur avant d’incriminer les autres car tout changement ne peut se faire que s’il part de soi-même, c’est-à-dire d’une transformation personnelle.

 9-   Promouvoir l’apprentissage de l’autonomie intellectuelle des femmes afin qu’elles puissent réinterpréter leur propre rôle au sein de leur culture selon les valeurs spirituelles qui sont source d’éthique et de dignité.  En d’autres termes leur permettre de vivre un islam revivifié par une nouvelle lecture et un nouveau re-questionnement, un islam différent de celui des autorités religieuses traditionnelles patriarcales et de ce qu’en veulent faire les pouvoirs politiques toutes tendances confondues. 

 10-  Déconstruire, à un niveau extérieur, la représentation des femmes musulmanes et dénoncer ainsi la « centralité » donnée à la place des femmes dans les discours essentialistes sur les musulmans et l’islam. En effet, en tant que femmes musulmanes aspirant à vivre la modernité comme toutes les autres femmes du monde, nous ne nous retrouvons pas dans les innombrables images stéréotypées et hyper-médiatisées au niveau international,  à savoir,  celles de femmes soumises, opprimées, dépendantes et incapables de se défendre par elles-mêmes ou de parler en leurs noms propres.

 Défis et perspectives futurs du groupe :

 L’un de nos défis prioritaires est de faire en sorte que les femmes musulmanes deviennent des actrices centrales dans les processus de transformation en cours dans les sociétés dans lesquelles elles évoluent. La réforme de la pensée islamique, qui reste incontournable si l’on veut dépasser les blocages exégétiques et juridiques actuels, ne pourra se faire sans la participation des femmes à tous les niveaux structurels. En effet, la problématique de la femme reste otage d’un double système patriarcal, à savoir : celui d’un traditionalisme culturel rigide et celui produit par les autocraties politiques héréditaires qui n’en finissent pas d’esquiver et de marginaliser tout véritable débat de fond sur cette question.

 Parallèlement, il faudra donc développer un discours spirituel à partir d’une perspective féminine, mais également promouvoir dans le temps un discours sur les droits humains. La question de la femme en islam est intimement liée au pouvoir politique et ne peut être réglée qu’en accordant de l’importance à l’ensemble des questions relatives à la gouvernance en islam et à sa sacralisation par le biais d’une idéologie politique d’aliénation qui mine les sociétés musulmanes depuis des siècles.

 Il s’agit donc de promouvoir des revendications démocratiques, au sein de sociétés verrouillées politiquement, seules capables de permettre une véritable libération de la femme musulmane (et de l’homme aussi évidemment).

  Il faudra aussi penser à créer de véritables alliances entre les différents mouvements féminins et autres qui ont en commun la lutte contre la subordination universelle des femmes. C’est donc à cet effet qu’il faudra également soutenir toute solidarité transnationale qui incite à la promotion des droits des femmes non pas uniquement à travers une perspective de coopération Nord- Sud classique mais plutôt comme un défi mondial à relever car le patriarcat et la discrimination sont une réalité dans les pays du Nord également.

 De plus, il est nécessaire de lutter contre les répercussions secondaires négatives de la mondialisation néo-libérale et dont l’impact est particulièrement préjudiciable sur les femmes à l’échelle internationale. À cet effet, il est important ici de souligner la nécessité d’un engagement urgent contre toutes les politiques de dégradation de l’environnement provoquées par la colonisation de l’industrialisation des terres du Sud devenues de véritables dépotoirs pour certains pays industrialisés[9]. Notre engagement féminin est par conséquent un engagement qui inscrit dans sa dynamique la dimension écologique, encore appelé éco- féminisme ; une question qui est désormais cruciale pour l’avenir de la planète.

 Cependant le défi majeur reste celui de la diversité du mouvement des femmes qui doit travailler au respect des identités et des cultures tout en refusant les discriminations basées sur la classe sociale, l’ethnie ou de croyances. Il faudrait donc savoir renforcer les liens avec tous ces mouvements sans s’immiscer dans les stratégies de changements et de résistances propres à chaque contexte. Il s’agit donc de s’unir avec tous les mouvements de femmes qui luttent contre l’oppression des êtres humains et l’exploitation de leurs richesses et créer des débats  inter-mouvements féminins afin de dépasser les divergences idéologiques et les clivages ethnoculturels ; car quel que soit le lieu d’où on lutte pour la justice, il est universel et doit être considéré comme un apport à la richesse de l’humanité et le chemin que l’on prend importe peu du moment que l’objectif et la cause sont nobles.

 Notre groupe, en tant que groupe de femmes musulmanes venant de différents horizons culturels et sociaux et liées par des valeurs spirituelles communes, aspire à tout cela non pas comme une utopie mais comme un espoir pour des lendemains moins hostiles et plus sereins à vivre pour nos enfants et pour l’humanité toute entière….

  • [1] Réformes des codes de la famille en Tunisie et au Maroc.
  • [2] L’universalisme moderne prétend se détacher de toute transcendance, or le véritable universel est celui qui est défini en commun par l’ensemble des cultures et civilisations et par leurs apports respectifs.
  • [3] Il faudrait aussi s’entendre sur le concept de laïcité : de quelle laïcité parle-t-on ? Ou plutôt de quel modèle de laïcité s’agit-il ? En tant qu’espace de neutralité, de respect de toutes les croyances et de distinction entre le religieux et le politique, la laïcité ne doit normalement pas poser de problèmes aux musulmans occidentaux, bien au contraire. Cependant, en terre d’islam, ce concept a généralement été mal perçu, car souvent confondu avec l’athéisme et, dans un passé récent, revendiqué par des régimes antidémocratiques voire despotiques.
  • [4] Ijtihad : effort intellectuel réalisé en vu de formuler un avis juridique dans le cas où les sources de référence restent silencieuses.
  • [5] De très nombreuses femmes, particulièrement musulmanes, ne s’identifient pas avec le féminisme du fait de sa connotation occidentalisée et surtout parce que certains mouvements féministes ont développé une attitude hostile envers les hommes et la notion de famille en général. Or il ne faut pas confondre modèles et principes, et considérer tout le mouvement féministe comme homogène alors qu’il est profondément hétéroclite. Ceci dit, plusieurs femmes farouchement opposées à la dénomination féministe en utilisent néanmoins les analyses et les stratégies.
  • [6] Le féminisme post-colonial est une entité qui regroupe toutes les entités marginalisées par un féminisme occidental ethnocentrique et dominant, à savoir : le féminisme noir, africain, latino-américain, autochtone-indigène et le féminisme arabe avec son corollaire le féminisme musulman.
  • [7] C’est ce qui résulte d’une étude faite par des chercheuses suisses en études du genre de l’université de Lausanne, où elles démontrent que c’est le racisme qui a conduit à développer une vision ethnocentrique de l’émancipation des femmes, comme si seules les féministes occidentales détenaient la bonne définition de l’émancipation et les moyens d’y parvenir ; dans www.lecourrier.ch , par Corrinne Aublanc.
  • [8] Selon la féministe canadienne Denise Couture : « le féminisme occidental a pour défi de déconstruire son propre pli colonialiste et parmi les manières de l’aborder, il y a celui que les féministes anglo-saxonnes appellent la mise en œuvre d’une politique de la localisation qui consiste à apprendre à parler pour soi-même et à cesser de parler pour les autres ». 
  • [9] La féministe indienne Vandanna Shiva parle de l’existence d’un véritable « racisme environnemental».

À propos de l'auteur

ASMA LAMRABET

Native de Rabat (Maroc), Asma Lamrabet, exerce actuellement en tant que médecin biologiste à l’Hôpital Avicennes de Rabat. Elle a exercé durant plusieurs années (de 1995 à 2003) comme médecin bénévole dans des hôpitaux publics d'Espagne et d’Amérique latine, notamment à Santiago du Chili et à Mexico.

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